Raideur du coude
Il s’agit d’une diminution des mobilités du coude. Les répercussions d’un coude raide sont importantes dans les activités courantes de la vie quotidienne, avec souvent une difficulté à mettre la main à la bouche (pour manger ou boire) et même à se coiffer.
Les causes
La raideur du coude est une complication courante après une fracture ou une luxation du coude. Elle peut également être consécutive à une chirurgie du coude. L’arthrose fait également partie des causes classiques.
Plusieurs pathologies peuvent également entrainer une limitation des amplitudes articulaires du coude :
La Polyarthrite rhumatoïde
L’Ostéochondromatose du coude
La présence corps étrangers intra articulaires
Les infections articulaires
Les brûlures
Symptômes
L’amplitude fonctionnelle normale (Figure1) du mouvement d’un coude est de 30 à 140°.
Une raideur devient donc contraignante lors que le déficit d’extension est supérieur à 30° ou si la flexion du coude est moins importante que 140°.
Figure 1 : Amplitude du coude en flexion et extension
Comme exposé en préambule, la répercussion fonctionnelle de cette raideur apparaît pour des activités simples de la vie quotidienne (repas, toilette).
La plupart du temps, il n’existe pas de douleur associée.
Diagnostic
Les raideurs du coude doivent être évaluées par un chirurgien spécialiste (Figure 2) pour une prise en charge appropriée.
Votre chirurgien fera le point sur vos antécédents médicaux et effectuera un examen clinique complet (étude des amplitudes articulaires mais également examen neurologique).
Figure 2 : Examen clinique des mobilités du coude qui peuvent également se réaliser la patient allongé sur une table d’examen pour éviter les contraintes liées à l’apesanteur.
La prescription d’examens complémentaires est indispensable.
Le bilan d’une raideur du coude nécessite la réalisation:
de radiographies standards et dynamiques du coude
d’un arthroscanner (absolument indispensable avant une chirurgie)
selon les cas, d’un électromyogramme pour étudier la conduction nerveuse.`
Cela permet d’identifier l’origine précise de la raideur du coude et de mettre en évidence d’éventuels corps étrangers intra-articulaires ou la présence de butées osseuses (Figure 3).
Figure 3 : Visualisation scanner de buttoirs osseux empêchant l’extension et la flexion du coude
Traitement
Traitement non chirurgical
Le traitement de la raideur du coude commence systématiquement par du travail de rééducation associant des étirements contrariés et progressifs (figure 4).
Figure 4 : Rééducation progressive du coude par un rééducateur
Des attelles de posture réalisées par un orthésistes peuvent également compléter ce traitement.
Il est classique de proposer ce traitement au moins 6 mois avant de proposer une thérapeutique alternative.
En cas d’échec de ce traitement, et en fonction de la pathologie à l’origine de la raideur, une intervention chirurgicale pourra être proposée pour améliorer les mobilités.
Traitement chirurgical
Proposé en cas d’échec du traitement par kinésithérapie, l’intitulé de ce traitement se nomme arthrolyse (en grec ; lyse : délier ou libérer et arthro : articulation).
Le but du traitement est bien entendu de récupérer un maximum d’amplitude articulaire.
Il faut bien noter que toute la mobilité du coude doit être récupérée au cours de l’intervention. Il est illusoire de penser qu’il sera possible de récupérer davantage de mobilité grâce à la rééducation après l’intervention.
La kinésithérapie après l’intervention n’a pour unique but de retrouver ou maintenir les mobilités obtenues au cours de la chirurgie.
La rééducation doit être débutée immédiatement en postopératoire.
Il existe 2 types d’arthrolyse : « à ciel ouvert » ou par arthroscopie
L’arthrolyse classique « à ciel ouvert »
Elle consiste en la réalisation de 1 ou 2 incisions latérales (Figure 5) assez étendues.
Figure 5 : Visualisation d’une cicatrice après arthrolyse du coude à ciel ouvert
Avantages
Elle permet de visualiser l’ensemble de la partie antérieure et postérieure de l’articulation du coude.
Par ces 2 incisions, il est possible de retirer l’ensemble de la capsule articulaire (capsulectomie) ainsi que les nombreux reliefs osseux encombrants. Un allongement du muscle brachial antérieur est souvent associé.
Inconvénients
– Elle nécessite la mise en place de drains avec une hospitalisation d’au moins 1 nuit.
– Elle implique une rééducation postopératoire par un appareillage spécifique (Figure 6) disponible uniquement en hospitalisation (kinétec)
Figure 6 : Réalisation d’une rééducation postopératoire en hospitalisation après arthrolyse à « ciel ouvert » par un appareillage type Kinetec
– Les 2 cicatrices latérales peuvent entrainer elle même des adhérences postopératoires, sources d’une récidive de la raideur
– Si elle n’est pas effectuée parfaitement, cette chirurgie peut abîmer les ligaments latéraux et entrainer une instabilité du coude.
– La rééducation est lourde et astreignante pouvant conduire à un découragement du patient et donc à un échec de traitement
L’arthrolyse par Arthroscopie
La chirurgie est effectuée par l’intermédiaire d’une caméra positionnée dans l’articulation au travers de petites incisions. D’autres petites incisions sont utilisées pour introduire les instruments nécessaires pour libérer la capsule et retirer les éventuels « butoirs osseux ».
L’idée d’une arthrolyse sous arthroscopie est de reproduire exactement les mêmes gestes effectués « à ciel ouvert » tout en limitant considérablement les inconvénients de cette chirurgie invasive.
Il faudra donc également réaliser une capsulectomie (on retire la capsule rigide et rétractée), un émondage des reliefs osseux gênant et une libération du muscle brachial antérieur.
Outerbridge Kashiwagi
Dans la plupart des cas nous réalisons également une fenêtre (un trou) faisant communiquer la chambre antérieure et postérieure (Figure 7).
Cette technique décrite par un chirurgien japonais en 1978 a été popularisée par l’arthroscopie du coude. Cela a permis surtout d’améliorer considérablement les résultats des arthrolyses par arthroscopie.
Figure 7 : Vue arthroscopique d’une arthrolyse sous arthroscopie selon la procédure OuterBridge Kashiwagi. La fenêtre faisant communiquer la chambre antérieure avec la chambre postérieure est représentée sur la photo de droite
Cette technique a fortement modifié les résultats sous arthroscopie en permettant à différentes parties de la tête ulnaire (olécrâne et coronoïde) de se glisser au travers cette fenêtre et permettre ainsi de récupérer l’ensemble des mobilités perdues (Figure 8).
Figure 8 : Outerbridge Kashiwagi ; la fenêtre (le trou) est bien visualisée sur la radiographie de gauche, tandis que l’on voit parfaitement sur le contrôle scanner de droite l’olécrane s’introduire au sein de cette fenêtre pour permettre une extension complète (la coronoïde s’introduit à son tour à l’intérieur de la fenêtre en flexion du coude)
Avantages de l’arthroscopie
– Chirurgie réalisée en ambulatoire (le patient ne dort pas à la clinique)
– Elle reproduit tous les gestes effectués en chirurgie conventionnelle tout en étant très peu invasive
– Aucune rançon cicatricielle
– Limitation du risque de récidive de la raideur car absence d’adhérence post opératoire
– La rééducation est plus facile puisque la chirurgie est beaucoup moins invasive. La plupart du temps, elle ne nécessite pas l’utilisation d’un appareillage moteur spécifique (kinétec)
– Moins de douleurs postopératoire
– Risque faible d’instabilité postopératoire du coude
– Absence de drainage postopératoire
Inconvénient
– Techniquement plus complexe à réaliser que la chirurgie conventionnelle car espace très étroit
– La proximité des nerfs avec risque de lésion accentue la difficulté de la procédure
– Nécessite une prise en charge par un praticien expérimenté et rompu à cette technique
Dans notre pratique, cette technique est très souvent utilisée car elle offre des garanties de réussite non négligeable en terme de résultat final (Figure 9).
Figure 9 : La récupération de la mobilité du coude après arthrolyse par arthroscopie est particulièrement satisfaisante
Pronostic
Lorsqu’elle est correctement prise en charge, l’arthrolyse du coude améliore significativement les mobilités mais également le confort des patients.
Dans le cas des arthrolyses par arthroscopie, la reprise des activités sportives et de loisir se fait assez rapidement après la chirurgie.
Le pronostic a été grandement amélioré par l’avènement des techniques arthroscopiques et notamment la procédure d’OuterBridge Kashiwagi
Cependant, les risques chirurgicaux existent incluant des dommages nerveux et artériels. L’arthroscopie a en revanche permis d’éviter les récidives de raideur que l’on rencontrait auparavant dans les chirurgies conventionnelles à « ciel ouvert ».